Alors qu’il est entré dans sa sixième saison, le concept de téléréalité culinaire n’a rien perdu de sa popularité. Le principe est désormais connu : des cuisiniers s’affrontent autour d’épreuves gastronomiques et sont coachés et évalués par des grands chefs, généralement étoilés. A l’observation des modes de management des « top chefs », certaines qualités sautent aux yeux :
- Franchise : « ta sauce manque de sel », « ton poulet est carbonisé », « tu vas droit dans le mur avec cet ingrédient ». Pas d’entretien annuel à attendre, le feedback est franc, direct et immédiat.
- Prise en compte des émotions : lors de la phase de préparation, les chefs se placent immédiatement en posture de coach. S’ils repèrent un candidat inhibé ou débordé par l’émotion, ils vont naturellement à sa rencontre pour en discuter avec lui et le « libérer ».
- Exemplarité : qu’il s’agisse de descendre dans l’arène pour affronter les candidats ou d’illustrer une consigne, les chefs s’exposent et s’appliquent les mêmes exigences qu’aux candidats. Une qualité décisive aux yeux de la génération Y et de la génération Z.
- Délégation : « Je ne vais pas tout lui dire », « C’est à lui de me surprendre ». En dépit de leur supériorité technique, les chefs mettent souvent un point d’honneur à donner de la liberté et à favoriser la prise d’autonomie des candidats.
- Droit à l’erreur : « Je pensais sincèrement qu’il allait se planter avec ce mélange et en fait c’est délicieux ». Les top chefs ne craignent pas de se tromper et de l’avouer publiquement.
- Humilité : « J’aurais aimé avoir cette idée » « J’ai découvert quelque chose d’exceptionnel avec ta recette », les chefs étoilés n’hésitent pas à mettre en avant les créations de jeunes cuisiniers. Ces grands leaders ne se reposent pas sur leurs étoiles et considèrent qu’ils peuvent continuer à apprendre, y compris de leurs apprentis.
- Humour : candidats et top chefs travaillent dur, c’est une évidence mais l’ambiance reste bonne. Et les top chefs ne sont pas les derniers lorsqu’il s’agit d’apporter un peu de décontraction. Sans avoir fait d’école de management, ils ont compris l’importance d’avoir une bonne ambiance pour générer de bons résultats.
- Équité: pas de « note de gueule ». Le système d’évaluation, basé sur une dégustation à l’aveugle, permet de s’attarder uniquement sur les mérites des candidats. Les looks improbables de certains cuisiniers (ou le fait qu’il soit une femme) ne rentre donc pas en ligne de compte pour leur évolution dans le concours.
A la lecture de ces qualités certains feront valoir que manager une entreprise et une brigade sont deux exercices assez différents. Il n’en demeure pas moins qu’une majorité des téléspectateurs rêvent probablement de retrouver un top chef sur leur lieu de travail.
A bon entendeur.
Super article, decouvert un peu tard grace a twitter !
A la télé, ça marche oui mais dans les vraies cuisines des vrais restaurants, c’est une autre chanson !!! J’ai eu un restaurant et comme beaucoup de restaurateurs, chefs de minuscules entreprises, j’ai dû faire face à des cuisiniers arrogants, caractériels, prétentieux, incompétents, capricieux, refusant mes directives simples comme nettoyer régulièrement les frigos ou faire varier suffisamment la carte pour éviter de lasser les clients réguliers ou ne pas laver les légumes dans un évier douteux. Sur une quinzaine de cuisiniers en 5ans : un jeune cuisinier de 20ans, génial, deux gentils inexpérimentés mais clamant à l’embauche qu’ils savent gérer une cuisine, sept autres imbuvables, quoi il va falloir éplucher des légumes tous les jours, le melon, sale caractère, ne connaissant pas les bases, ne faisant que ce qui leur plait, aucune curiosité culinaire, même bien payés, aucune conscience professionnelle, ils abandonnent la cuisine en plein service dès que l’activité augmente un peu, c’est pas marrant, + de clients = + de boulot ! Il suffit de discuter avec n’importe quel restaurateur, il aura une expérience extrême à raconter, jusqu’aux prudhommes qu’on a 80% de chance de perdre même face à un dossier malhonnête. Ecoeurée, j’ai vendu. Après les stagiaires Y, essayez les cuisiniers, ça peut être drôle ou pathétique…