J’ai eu le grand honneur d’être invité à m’exprimer vendredi dernier au Parlement Européen sur la question des jeunes générations et de l’entreprise.
A l’issue d’une première partie consacrée aux attentes de la génération Y et de la génération Z (organisation, management, ressources humaines, etc.) dont je partagerai les idées clés avec vous prochainement, il m’a paru important rappeler le clivage qui existe au sein de la jeunesse européenne.
D’un côté, ceux qui luttent
Schématiquement, il y a d’un côté ceux qui « luttent ». Et les statistiques du rapport 2015 de l’Union Européenne sur la jeunesse sont alarmantes :
Sur les 90 millions de 15-30 ans résidant dans l’Union Européenne :
- 8,7 millions ne trouvent pas de travail
- 13,7 millions sont sans emploi et ne suivent ni études ni formation (NEET)
- 27 millions sont exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale
Au-delà du risque de chômage, les jeunes sont plus souvent concernés par les situations de sous-emploi (temps partiel subi, compétences sous-utilisées, etc.). Aux côtés des salariés « classiques » bénéficiant d’une relative sécurité de l’emploi s’est accumulée une cohorte de travailleurs précaires (contrats courts, stagiaires, etc.) dans laquelle on retrouve une part très importante de jeunes.
Le phénomène est hélas européen. Les « Milleuristes » espagnols font échos aux « générations précaires » françaises, à la génération «praktikum » allemande ou à la génération 700 grecque.
De l’autre, la jeunesse sans (trop de) problèmes
A l’autre extrémité, vous avez les jeunes diplômés, facilement employables qui s’insèrent avec plus d’aisance dans la société.
Ce sont paradoxalement ceux qui posent le plus de problèmes aux entreprises qui se battent pour les attirer et les fidéliser. Les autres sont pour ainsi dire invisibles car en ils évoluent en deçà des radars de nos sociétés.
La nécessité d’un plan d’urgence pour la jeunesse
Même si l’attention des entreprises porte principalement sur la seconde catégorie, il est crucial que l’Europe ne laisse pas une partie importante de sa jeunesse de côté.
Continent prospère, l’Europe est aussi un continent vieillissant qui ne pourra réussir sa jeunesse. En 1951, l’Allemagne comptait 7 actifs pour un retraité. En 2050, la proportion sera autour de 2 actifs pour un retraité. La conclusion est claire : à défaut d’intégrer massivement les jeunes sur le marché du travail, les systèmes de protection sociale sont condamnés.
Autre éléments à prendre en compte, les générations nées à partir des années 2000, devraient bénéficier, une fois adulte, d’un choix inédit : celui de leur pays de résidence. De par leur exposition précoce aux technologies, à la globalisation et aux langues étrangères, ces générations seront aussi mobiles que les jeunes très qualifiés d’aujourd’hui.