A l’évidence, la mort du jeune lycéen ne suffit pas à expliquer les scènes d’émeute que connaît la Grèce depuis le 6 décembre.
Les manifestants expriment un mal-être plus profond. Celui d’une génération qui ne parvient pas à s’insérer durablement dans la société et le monde du travail.
Le collectif grec « génération 700″, qui se veut le porte parole des 56% de grecs de moins de 30 ans dont le salaire ne dépasse 700€ par mois, décrit cette génération comme une « majorité silencieuse de citoyens surchargés de travail, sous-payés, endettés et fragilisés ». Et de fait, les statistiques grecques sont mauvaise. 22% des 18-25 ans sont au chômage (vs. …19% en France)
Le malaise est hélas européen. La « génération 700″ grecque fait écho à la « Génération Praktikum » (stage) allemande et aux « milleuristes » espagnols.
La France ne fait pas exception et a déjà connu plusieurs « crises ». Emeutes de banlieue, manifestations anti-CPE, défilés contre les stages abusifs, le malaise de la Génération Y française s’exprime sur de multiples fronts mais peine, pour l’instant, à se cristalliser. A l’image des autres européens, les jeunes français souffrent avant tout de l’absence de perspectives. Le contrat social proposé aujourd’hui aux jeunes est notoirement plus aléatoire qu’avant : le diplôme ne garantit plus l’emploi et l’exercice d’un emploi n’assure en rien la capacité à se loger (Cf. mon article sur la génération Y et le logement) et à mener une vie décente.
Plus diplômée dans l’ensemble que la précédente, la Génération Y française a pour l’instant été accueillie fraichement par le monde de l’entreprise et le détournement irresponsable de dispositifs comme les stages ou l’apprentissage a achevé de tuer son enthousiasme.
Aujourd’hui, la génération Y française patit de la crise économique et des tensions sur le recrutement de jeunes diplômés.
Cette crise la pénalisera aussi demain si les plans de relance de l’économie sont financés par le déficit…
