lundi 29 septembre 2008

La génération Y, quart d'état politique


Un constat connu
La génération Y a déjà reçu tous les qualificatifs possibles et imaginables : apolitique, individualiste, etc. Le constat est reconduit d’élection en élection : « ils votent moins que les autres ». Hélas, ce constat appelle généralement peu de commentaires et encore moins de réflexion de la part de ceux qui se présentent au suffrage universel. Tout au plus peut-on entendre quelques voix appelant à renforcer l’éducation civique. Bon sang mais c’est bien sûr : si les jeunes ne votent pas c’est parce qu’ils ne savent pas comment faire…

La fracture existe au sein des partis-politiques et des syndicats
Alors qu’elle rêve de contribuer au débat d’idées, la génération Y est cantonnée dans des fédérations « jeunes », loin des sphères de responsabilité. Sauf cas exceptionnels, le rôle des Y se résume à porter des tee-shirts bariolés et agiter des banderoles lors des meetings ou des manifestations.

Le fossé se creuse ensuite au niveau des candidats
La génération Y, qui n’a pas connu la séparation des sexes à l’école, et qui fréquente souvent des personnes d’âges et de condition sociale différente, peine à se retrouver dans le bloc monolithique de candidats « hommes - quinquagénaire - blancs - aisés » proposé par les états-majors. Les quelques femmes et minorités figurant sur les photos officielles sont loin de combler les attentes de cette génération défiante par nature, et qui privilégie les preuves d’amour aux grandes déclarations enflammées.
Au final, de nombreux Y éprouvent le sentiment d’être exclus du système politique et syndical traditionnel.

Des chiffres inquiétants
Dans un article de Louis Chauvel, on apprend que les moins de 40 ans représentaient près de 35% des effectifs de l’Assemblée Nationale en 1946 contre 3,6% en 2007. Une autre étude, réalisée sous l’égide du Centre d’analyse stratégique analyse pour cinq pays européens - Allemagne, Espagne, France, Slovénie, Suède - la composition par tranche d’âge du parlement. Premier constat : parmi les cinq pays étudiés, la France est le seul pays ne disposant d’aucun représentant dans la tranche d’âge des 18/30 ans. Deuxième constat : la France est le pays où l’âge moyen des représentants est le plus élevé : 57,5 ans en moyenne contre environ 50 ans pour les autre pays. Troisième constat : la France fait figure d’exception tant la tranche des 61/70 ans est surreprésentée par rapport à son poids démographique.

Comment expliquer ce déséquilibre actuel, qui donne aux finalistes l’élection présidentielle 2008 (élus députés, en leur temps, à 34 et 35 ans) une allure d’anomalie statistique ?

L'analyse éclairée d'un sociologue de renom
L’analyse du sociologue Louis Chauvel est lumineuse à ce propos : « […] l’Assemblée nationale et ses coulisses fournissent comme une caricature des caractéristiques de la société française et de ses rapports générationnels : la crispation des seniors, qui ne veulent pas songer à une succession après trente ans de carrière au plus haut niveau, et la frustration de jeunes plus si jeunes, travaillant avec abnégation et discrétion, mais sans promotion, pour un système qui ne les rétribue guère ».
Avec près de 13 millions d’individus, la génération Y est aujourd’hui un nouveau « Quart-Etat ».
Qu’est-ce que le « Quart-Etat » ? Plus de 20% de la population française. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique? Rien. Que demande-t-il ? À être quelque chose.


1 commentaires:

jean sébastien loygue a dit…

La sur représentation des archontes à l'Assemblée Nationale est consternante!
On se souvient de cette pub présentant un couple âgé se disputant devant un ordinateur "Tu ne sais pas cliquer!" répétait sans cesse Monsieur à Madame...

Oups, j'oubliais, les femmes aussi sont sous représentées...
hhtp://wwwloygue.com