webleads-tracker

Flux pour
Articles
Commentaires

revolution

Bernard Thibault, Président de la CGT, vient d’annoncer sa volonté de consacrer plus de moyens financiers aux jeunes.  Il a notamment déclaré :

« […] un de nos problèmes, vous le savez bien, c’est que les jeunes ont dans des emplois de plus en plus précaires, ils arrivent d’ailleurs dans l’emploi de plus en plus tardivement et de façon de plus en plus précaire. Cette évolution constitue un obstacle à leur engagement car en plus, dans de nombreuses entreprises, on leur laisse entendre que s’ils s’affichent, s’engagent syndicalement, bien que ce soit un droit fondamental, ils prennent des risques pour leur carrière professionnelle […] »

Qu’en est-il dans les faits ? Les jeunes sont-ils absents du monde syndical ?

Les chiffres disponibles sur le sujet sont rares mais ils semblent confirmer l’idée que les jeunes ont déserté le champs syndical.

Selon le magazine alternatives économiques, environ 2% des 18-30 ans sont syndiqués, contre 8% pour l’ensemble des salariés français. On apprend également ici que l’organisation de Bernard Thibault ne compte que 7% de moins de 30 ans. La situation est similaire à la CFDT où les moins de 35 ans ne représentent que 8% des effectifs des adhérents.

Louis Chauvel, professeur à Sciences-Po, souligne quant à lui dans un de ses articles le vieillissement de l’âge moyen des représentants syndicaux:

« La participation aux formes les plus institutionnelles du politique s’effondre chez les jeunes : en 1982, l’âge moyen du représentant syndical ou politique était de 45 ans ; il est de 59 ans en 2000″

Le malaise est-il uniquement français ?

Il semble que non.

En Suède, une récente étude montre que les jeunes souhaitent négocier eux-mêmes leurs salaires et contestent la toute-puissance des syndicats sur le sujet.

Au Québec, la télévision a récemment diffusé un reportage qui illustre le fossé entre jeunes et syndicats (Cf. vidéos ci-dessous)

Quel sens peut-on donner au phénomène ?

A l’image de ce qui se passe en entreprise, l’arrivée d’une nouvelle génération d’adhérents ne va pas sans poser de difficulté pour les syndicats.

De fait, les adhérents en place n’apprécient pas toujours le style des nouvelles recrues qui ne maîtrisent pas les codes du militantisme et n’hésitent pas à questionner des positions prises par les hautes instances.

De leur côté, les jeunes issus de la génération Y acceptent mal d’être cantonnés aux distributions de tracts et aux sections « jeunes ». En dépit de leur inexpérience, beaucoup souhaitent contribuer au débat d’idées et apprécient peu la nature pyramidale des organisations actuelles et la lourdeur du processus de décision.

Au vu de l’écart qui existent entre les jeunes et les syndicats, on peut se demander si l’intégration de la jeunesse dans les syndicats finira par se faire où si c’est sa non-intégration qui donnera naissance à un nouvelle forme de syndicalisme.

Articles similaires:

Be Sociable, Share!

2 Réponses à “Jeunes et syndicats, l’amour impossible ?”

  1. Karine A.No Gravatar dit :

    Excellent billet Julien, merci !

    Réponse de La Génération Y : Avec plaisir ;-)

  2. Tatayet dit :

    Le problème ne vient-il pas aussi d’un conflit générationnel ?
    L’article le montre et cela se retrouve dans le reportage vidéo. Les syndicats protègent les acquis des anciennes génération et cela au détriment des nouvelles générations (ex: le délégué de Canada Post nous explique que les avantages sont préservés pour les anciens (meilleures primes, meilleur avancement,…) mais que dans les nouveaux accords les jeunes n’ont rien) faisant passer le message des centrales syndicales pour « arriérés », surtout quand leurs discours et leurs modes d’actions sont radicaux. Le statut quo pour les vieux, la régression pour le reste.

    Un tri croisé aurait-été également pertinent entre le secteur d’activité (privé/public) et les classes d’âges. Les syndicats sont surtout présent dans les entreprises du secteur public. Et qui dit action dans les services publics dit nuisances pour le grand public (ex: les multiples conflits à la SNCF et à la RATP). A l’heure où il faut réformer la France en profondeur, les syndicats apparaissent comme conservateurs avec des postures, une idéologie qui a peu changé depuis le front populaire (pour ne pas dire arriérée) et ce refus du dialogue en faveur de l’action extrême. C’est un des points qui n’incitent pas à les rejoindre.

    Dernier point que ton article souligne, Julien, c’est le niveau de diplôme de la génération Y. La durée des études est beaucoup plus longue et donc les jeunes ont finalement une conscience politico-syndicale individuelle et non collective. Ils ne suivent plus les directives du haut comme des « veaux ».
    Il est désormais aux syndicats de s’adapter aux jeunes et non l’inverse.

    Réponse de La Génération Y :

    Il y a en effet des éléments de conflit générationnel dans les négociations syndicales.
    Les jeunes embauchés, souvent en contrat d’attente (CDD, stage, etc.), vivent mal la focalisation de certains syndicats sur la « préservation des acquis » des anciens.
    Deux conditions sont à mon avis nécessaire pour modifier la donne : l’émergence d’un syndicalisme « de masse » et l’engagement des jeunes dans ce syndicalisme. Si les jeunes sont délaissés, c’est aussi parce qu’ils votent moins que les autres. Merci pour le commentaire.

Laisser un commentaire